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24 septembre 2025
Émilie Perreault et le rôle essentiel du spectateur au théâtre
Vous êtes-vous déjà interrogé sur le rôle de l’audience dans le cadre d’un spectacle? C’est l’exercice auquel s’est soumise Émilie Perreault dans sa performance La suspension consentie de l’incrédulité, présentée à guichets fermés le 16 octobre prochain à la salle Anaïs-Allard-Rousseau dans le cadre de la série théâtre et danse de Culture Trois-Rivières. La journaliste et animatrice de radio se questionne sur notre besoin d’aller voir des spectacles et l’importance du public dans un contexte artistique.
Suspendre son incrédulité
Vous vous demandez peut-être ce que signifie La suspension consentie de l’incrédulité? « Ce titre-là indique qu’est-ce qui fait qu’on embarque ou pas dans un spectacle, quand on suspend notre incrédulité. Donc on arrive dans une salle, puis même si on sait que ce n’est pas vrai ce qui nous est raconté, on embarque dans l’histoire, on accepte de croire ce qui nous est raconté », explique l’autrice. Cette réflexion fut le point de départ d’Émilie Perreault pour explorer les aspects qui font que nous aimons aller voir des spectacles.
La genèse du spectacle La suspension consentie de l’incrédulité a vu le jour lors du festival Fous de théâtre à L’Assomption. L’organisation a donné carte blanche à l’animatrice pour qu’elle crée un contenu à saveur théâtrale. Émilie Perreault s’est d’abord inspirée de ses deux essais littéraires (Service essentiel : Comment prendre soin de sa santé culturelle ainsi que Faire œuvre utile : quand l’art répare des vies) pour démarrer ce projet, mais a finalement pris l’avenue d’une véritable lettre d’amour aux spectateurs et spectatrices.
« Si on m’avait dit au départ « tu vas faire une pièce de théâtre chez Duceppe », j’aurais dit « non ». C’est sûr que je ne l’aurais pas fait! », ricane-t-elle. Comme le raconte l’autrice, le développement de sa pièce s’est fait graduellement. La suspension consentie de l’incrédulité a débuté par un texte lu devant de petites jauges, donnant lieu à d’excellentes réactions du public. Voilà ce qui a semé l’idée de poursuivre le projet. Il s’en est suivi des lectures en formule 5 à 7 chez Duceppe, pour ultimement mettre sur pied une tournée dans la province.
Lors de sa performance, Émilie Perreault traite notamment des concepts de la suspension consentie, de l’empathie physiologique et de la résonance motrice. Elle combine ainsi des éléments plus théoriques à des aspects plus émotionnels, ce qui laisse place à une grande gamme de réactions du public, allant des rires aux pleurs. « J’y parle de ma propre histoire. Je partage certains souvenirs que j’ai en tant que spectatrice, le premier spectacle que j’ai vu, des spectacles qui m’ont vraiment touchée à l’adolescence, des spectacles que j’ai vus comme chroniqueuse culturelle puisque c’est devenu éventuellement mon métier ».
« Les artistes vont réfléchir à leurs œuvres pendant 2-3 ans. Moi, je n’ai pas 2-3 ans à accorder à un sujet! Donc avoir accès à la psyché de l’artiste en une soirée, il y a quelque chose de magique là-dedans, dans ce transfert d’émotions qui nous est offert. »
Un besoin viscéral
« Je pense qu’on a besoin de se faire raconter des histoires. On a besoin d’un moment où on n’est pas dans la performance. Quand tu vas voir un spectacle, tu t’assois, tu n’es plus l’animatrice, la maman, la blonde. Tu es juste toi qui es là et qui te fais raconter une histoire. On a tous besoin de ça », témoigne-t-elle. L’autrice relate qu’il est important de se faire sortir de son quotidien et d‘élargir son champ de pensée et d’émotion, ce que l’art parvient à faire.
Assister à un spectacle c’est aussi se soumettre à un groupe de personnes inconnues avec qui nous partagerons un moment commun. Pour Émilie Perreault, cela répond à un besoin d’être en communion avec autrui. « Pour moi, ça vient suspendre quelque chose dans le temps, puis je sais que ça contribue vraiment à mon équilibre personnel. J’ai besoin de ça pour décrocher ».
L’animatrice rappelle également que les artistes ont ce besoin fondamental d’avoir une audience. « Souvent les gens me disent « on n’a jamais parlé de moi comme ça ». C’est vrai qu’on ne parle jamais des spectateurs! Pourtant, s’ils ne sont pas là, le show n’existe pas. C’est essentiel », exprime-t-elle. La relation entre le public et les artistes dans le cadre de spectacles apparaît pour Émilie Perreault comme étant finalement un besoin réciproque et viscéral.
« Parfois, on n’a pas envie d’être là, puis tout à coup, il y a une phrase qui nous rentre dans le cœur et qui va nous habiter pendant des jours. »
À votre tour de suspendre votre incrédulité
En plus de faire paraître prochainement le livre La suspension consentie de l’incrédulité, Émilie Perreault démarre sa tournée à travers le Québec. Elle reconnaît que chaque performance s’accompagne d’une ambiance unique et distincte. « Des soirs où je fais le spectacle, ça rit, j’ai l’impression de faire un show d’humour. Puis au contraire, d’autres soirs, c’est dramatique, les gens pleurent ».
De quel côté se trouvera la performance de Trois-Rivières? Seul l’avenir nous le dira.
Envie de suspendre (encore et encore) votre incrédulité? Jetez ici un œil à la série théâtre et danse de Culture Trois-Rivières!
