- Accueil
- Événements
- Liliane Pellerin : Le fil
Du 7 mars 2025 au 20 avril 2025
Liliane Pellerin : Le fil
Factrie 701
Lieu : Factrie 701
Factrie 701
701, 4e rue
Shawinigan, G9T 6J3
Coût : Gratuit
Date :
ven, 7 mars 2025 - 17h00
Toutes les dates
ven, 7 mars 2025 - 17h00
sam, 8 mars 2025 - 13h00
dim, 9 mars 2025 - 13h00
sam, 15 mars 2025 - 13h00
dim, 16 mars 2025 - 13h00
sam, 22 mars 2025 - 13h00
dim, 23 mars 2025 - 13h00
sam, 29 mars 2025 - 13h00
dim, 30 mars 2025 - 13h00
sam, 5 avril 2025 - 13h00
dim, 6 avril 2025 - 13h00
sam, 12 avril 2025 - 13h00
dim, 13 avril 2025 - 13h00
sam, 19 avril 2025 - 13h00
dim, 20 avril 2025 - 13h00
Le fil
Là où l’intime parle au Nous
« C’est au sommet du plus grand dépouillement que j’en ai eu la certitude: je ne peux vous quitter, vous êtes à l’intérieur de moi. Il me faudrait aller très loin au dehors de moi pour vous quitter, mais là, je rentre. »
Lettre, poésie et sérigraphie
Décembre 2018, je revenais d’un atelier intensif avec Pol Pelletier, auprès de qui j’avais entrepris une démarche de recherche sur la présence authentique dans l’acte de créer et l’acte de performer, et tout s’est mis à craquer. Ce travail imposait une implication si entière et profonde, que toute ma vie s’est mise à exiger transformation. Il m’était maintenant impossible de continuer ce travail en préservant la façon dont j’existais dans ma propre vie, à demi, et enchainée.
Alors, poussée par une force que je ne comprends pas encore, je me suis mise au travail de laboure, de dépouillement nécessaire pour aller à la rencontre de moi-même, ramasser mes morceaux manquants. J’ai quitté mes familles identitaires, mes lieux d’engagement dans lesquels j’avais longtemps trouvé le sens de mon existence, mon amour, ma maison, tous des lieux communs dans lesquels je m’étais insidieusement perdue et je me suis retrouvée dans une petite maison vide comme ma vie, à Sept-Îles en plein hiver pour terminer d’écrire un album, comme un acte de rapatriement de soi. C’était tout ce qui me restait: l’art. Et, dans tout ce processus et après, j’ai eu besoin d’écrire souvent. J’écrivais à Pol qui m’apparaissait être la seule à comprendre ce chemin étrange et j’écrivais à des personnes importantes de ma vie, des lettres d’adieu, des points finaux, des lettres qui remercient, qui honorent, des lettres qui tentent de m’expliquer, de m’accepter, et qui finalement, par le fait d’être entendue par l’autre, me servaient à mieux comprendre le chemin souterrain dans lequel j’avais été projetée.
Entre-temps, je me suis mise à repousser sur les cendres et j’ai eu envie d’aller à la rencontre de groupes de femmes avec l’écriture (maisons d’hébergement, Calacs, Centre de santé, etc.). Les unes devant les autres, nous nous reconnaissons dans la traversée des souffrances qui mène à mieux s’appartenir, qui mène à devenir souveraine à soi-même. L’écho entre elles et moi m’a permis d’aller plus loin dans la compréhension des enjeux qui tapissent ma traversée. J’ai pu constater que ce travail vertigineux que j’avais entamé dans ma propre vie apportait une sorte de réconfort, un éclairage, à ces femmes dont la vie est éprouvée par la nécessité brutale de se rapatrier, d’apprendre à s’habiter, de reprendre pouvoir sur ses choix, son corps, ses rêves.
Alors ce projet d’exposition est le clin d’oeil d’une grande réflexion qui m’a transformée, qui m’a rapprochée d’autres femmes et, par le fait même, des enjeux liés à la place des femmes dans ce Monde. Il est une façon d’honorer par l’art ce chemin éprouvant que j’ai entrepris pour apprendre à m’habiter de façon souveraine, participer au Monde avec une plus grande authenticité, ainsi contribuer à ce qu’il soit plus nourricier, pour ma vie, et pour toutes.
« Je me dis qu’en te répondant, je vais sûrement me répondre aussi. Et me rapprocher de moi, de la vie, de ce fil, filet qui me soutient, qui me relie.
[…]
Je pense que c’est le courage de la fragilité qui peut guérir le Monde. Si on le fraye en soi sans se rétracter, le chemin de l’intimité ouvrira des passages pour les autres. »
« Une fois, dans un rêve, je tenais la grande aiguille à coudre avec son fil sans fin au bout des doigts. Je devais relier toutes les parties divisées, unifier le Monde avec ma grande aiguille sinon elle s’effaçait et je perdais le fil, tombais dans les limbes de ne plus rien savoir. Après, revenir est un labyrinthe qui serpente et s’étire jusque dans la vieillesse. C’est un trop loin voyage, alors il me fallait du courage pour ne rien exclure, tout unifier, gagner du temps. Beaucoup de courage, surtout pour apprendre que ce qui est dehors est aussi dedans et le tolérer jusqu’à l’embrasser. »
Biographie de l’artiste :
Liliane Pellerin écrit comme en flairant la piste imprévisible du vivant. Avec sa voix sortie de la nécessité et une guitare éclectique pour soutenir la charge des mots, l’artiste pose un regard sur la force sauvage indestructible qui survit au fond de soi quand on ose le saut dans le vide vers autrement. Par l’art, elle tente l’ultime descente vers s’appartenir, seule façon de marcher dans un monde de contradictions.
Artiste autodidacte, elle fait paraître quatre albums teintés de la création collective : Grignoter l’exil, Dans l’ventre du pays pèlerin, Pays pèlerin (Fränze Remixe) et Avant que les oiseaux se taisent un album électro-folk écrit comme un acte de survivance.
Après l’École nationale de la chanson, elle s’initie aux travaux de Pol Pelletier, pédagogue féministe auprès de laquelle elle entame une démarche de recherche sur la présence authentique dans l’acte de créer et l’acte de performer. Elle s’exerce à sa méthode de façon immersive sur une période de six ans, notamment en conscientisant la danse de l’inconscient qui régit la création, mais aussi par laquelle il est possible d’entamer la guérison.
L’autrice-compositrice-interprète Liliane Pellerin, aussi intervenante sociale avec une expertise en inclusion sociale par les arts, articule sa démarche artistique autour d’une réflexion sur l’humain.e. Elle dirige la création des recueils inclusifs Le peuple arpenteur et Sonder la terre. Depuis 2022, elle s’implique auprès d’organismes pour femmes de la Mauricie en proposant des ateliers d’écriture introspective et un spectacle dialogue. En mars 2024, elle reçoit le prix Médiation Culturelle des prix Art Excellence de Culture Mauricie pour ce projet d’art relationnel.