25 octobre 2022

À la croisée des chemins, entre l’art et la technologie : Démystifier le métier de technicien·ne de scène

Par François Désaulniers

Marc-André Fafard travaille comme technicien de scène depuis pratiquement la moitié de sa vie. À 31 ans, il est maintenant directeur technique à Culture Shawinigan où il gère, chaque année, 120 spectacles. Il nous raconte ce qui se passe dans les coulisses de sa profession.

Marc-André Fafard, directeur technique à Culture Shawinigan © Maxine Pétrin

Trente-deux heures pour une heure et demie?

En prenant place dans une salle, se doute-t-on du nombre d’heures et de l’ampleur de l’équipe nécessaires pour créer une heure trente de spectacle? Un spectacle d’humour, par exemple, peut demander de douze à seize heures à huit technicien·nes. Il faut communiquer avec les artistes, préparer la salle, la scène, le son, le décor et l’éclairage (faire le «pointage» avec un arsenal de plus de quatre cents projecteurs), entrer en action lors de la représentation, puis démonter avec soin tout le précieux équipement et remplir le camion. Retour à la maison vers minuit.

Et dans le cas d’une pièce de théâtre? Afin de rendre possibles les 75 minutes de la pièce Becoming Chelsea de Sébastien Harrisson présentée le 4 novembre prochain à la salle Philippe-Filion du Centre des arts de Shawinigan, la charge de travail doit s’étaler sur deux jours. L’installation commencera le jeudi matin à 9h en vue de la représentation du lendemain à 20h. On peut alors comprendre l’intérêt de produire des spectacles en résidence dans une salle pour une longue période…

Artiste en spectacle cherche technicien·nes pour un soir

Il est fascinant d’apprendre que les technicien·nes peuvent connaître un spectacle seulement en «lisant le plan des lumières». Ils et elles doivent faire preuve d’une grande sensibilité afin de saisir l’essence de la proposition artistique, d’en sentir «les momentums» et de transmettre l’émotion au public. Leur relation avec les artistes en est donc une de complémentarité, entre collègues de création. Les colorées histoires de caprices d’artistes tiennent plutôt du mythe, selon Marc-André.

Un technicien à l’université

Le travail en technique de scène peut se faire en accueil dans une salle (en diffusion) ou sur la route (en tournée). En plus d’avoir vécu ces deux expériences, Marc-André a décidé de se spécialiser en ajoutant à ses outils un Certificat en gestion des ressources humaines de l’UQTR. Cette formation lui permet de mieux «gérer une équipe, d’amener une ergonomie dans le milieu de travail» et de planifier avec plus d’efficacité. Au-delà de ces compétences en administration, Marc-André doit également mettre à jour constamment ses connaissances des systèmes informatiques en réseau utilisés par les productions qu’il reçoit.

Maison de la culture Francis-Brisson © Maxine Pétrin

200 000 cœurs qui battent à l'unisson

Marc-André a parfois des coups de cœur inattendus. Comme celui pour un spectacle des Sœurs Boulay : «L’aspect du show, le visuel, ça m’a jeté à terre.» Parmi ces moments qui l’accompagnent, une expérience électrisante l’a particulièrement marqué. Le 14 juillet 2016, au Festival d’été de Québec, après la performance de Duran Duran et sa quarantaine de technicien.nes, la petite équipe shawiniganaise de huit dont faisait partie Marc-André est montée sur scène pour préparer la prestation de Fred Pellerin. Sur les plaines d’Abraham, 200 000 petites lumières rouges clignotaient sur les macarons d’autant de spectateurs et spectatrices. Pendant cette prestation magique, Marc-André a dû régler un problème dans une console de son comptant une centaine d’entrées… Heureusement, sans que personne du public ne s’en rende compte.

Engagez-vous!

Si vous aimez la technique, les horaires atypiques et les rencontres scéniques, Marc-André dit qu’il «ne faut pas avoir peur de se lancer. […] C’est un bon emploi bien payé, demandé. Surtout dans le volet où tu fais de la technique et que tu l’administres. Il n’y a pas beaucoup de relève en direction technique. Je serais bien content d’avoir un jeune moi pour lui montrer comment faire. C’est une belle job

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